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PALESTINE

La communauté internationale n’aide pas vraiment les Palestiniens

Entrevue avec Islah Jad

Mardi 2 octobre 2007

bitterlemons : On dit beaucoup, sur la base du rapport de Tony Blair, envoyé du Quartette, que la communauté internationale se concentre sur la construction des institutions et sur l’aide humanitaire plus que sur les droits politiques des Palestiniens. Est-ce correct, à vos yeux ?

Jad : Oui, c’est la tendance générale.

bitterlemons : Est ce que c’est une démarche utile ?

Jad : Non. La source des problèmes dans la région est le déni des droits politiques du peuple palestinien. L’invasion israélienne à la fin de mars 2002 a montré clairement qu’investir dans le soit disant développement et l’aide humanitaire n’a aucun sens puisque cette invasion a, en moins de 24 heures, réduit en ruines tous ces projets de développement.

La poursuite du conflit ici est due au déni des droits politiques palestiniens, et aucune aide, que ce soit humanitaire ou pour le développement, ne peut servir tant qu’on n’a pas réglé ce problème.

bitterlemons : Les promoteurs d’un calendrier de développement pour permettre aux Palestiniens d’être dans une meilleure position pour négocier la paix disent qu’ils ont besoin d’institutions fortes. Est-ce prendre les choses à l’envers ?

Jad : Absolument. Pour construire des institutions il faut un consensus. Les dernières élections ont démontré qu’il y avait un consensus pour qu’apparaisse une nouvelle élite désireuse de construire les institutions sur la base de critères objectifs et de la responsabilité. Mais ce changement s’est révélé vain car la nouvelle élite ne voulait pas suivre le calendrier politique des donateurs extérieurs et que ces donateurs ne voulaient pas respecter le changement. Je pense que c’était une position politique très hypocrite.

bitterlemons : Des critiques, notamment en Israël, affirment que l’une des causes essentielles de l’échec du processus d’Oslo fut que l’ANP n’a pas construit d’institutions solides, surtout en terme de sécurité, pour remplir ses engagements. Il y a du vrai dans cela ?

Jad : En ce qui concerne les différents services de sécurité, je pense que leur création est normale dans le cadre d’une nouvelle élite qui veut construire sa base et veut contrôler le pouvoir. Mais supposons un instant que, sur le calendrier politique, Israël ait tenu ses promesses. Je pense que la situation ne serait pas ce qu’elle est maintenant.

L’un des facteurs qui a créé la tendance à construire différents appareils de sécurité est qu’Israël tend à voir le conflit en termes de sécurité et non comme un problème politique. Ainsi une partie de la prolifération des appareils de sécurité et la corruption qui en découle sont dans une certaine mesure dues à l’intervention et aux pressions d’Israël.

bitterlemons : Quelle devrait être la préoccupation principale de la communauté internationale aujourd’hui ?

Jad : Ils devraient faire ce qu’ils ont fait en Irak. Quand ce pays a ignoré les résolutions des Nations unies cela a conduit à la guerre et à la destruction du pays tout entier. En Palestine il y a toute une série de résolutions. Je ne veux pas dire que la communauté internationale devrait lancer une guerre contre Israël, mais qu’elle devrait exercer des pressions politiques pour forcer Israël à se conformer à la volonté de la communauté internationale.

bitterlemons : N’y a-t-il pas un danger, à supposer que la communauté internationale exerce cette pression, qu’il y ait un vide côté palestinien, à cause de l’absence d’institutions qui fonctionnent ?

Jad : Je ne crois pas. Si la menace sécuritaire qui pèse sur les Palestiniens est levée et si on laisse les gens gérer leurs propres affaires internes, les Palestiniens ont assez de conscience politique pour le faire et le faire bien. Je crois que la démocratie palestinienne est à même d’apporter des corrections chez elle si on lui laisse la liberté de le faire.

bitterlemons : Avez vous quelque espoir que la réunion de novembre convoquée par les Etats-Unis s’attaque à ces problèmes ?

Jad : Non. Je pense que c’est une pièce de théâtre dans le but de servir les objectifs des Etats-Unis. Je ne crois pas que cette réunion produira des résultats tangibles. Ca manque de volonté politique, de préparation et de la volonté politique israélienne indispensable d’arriver à un compromis historique avec les Palestiniens.

24/9/2007 © bitterlemons.org

/issue/pal2.php Traduction : C. Léostic, Afps

Islah Jad enseigne les Etudes féministes et les Etudes culturelles à l’Université de Birzeit.


Voir en ligne : http://www.bitterlemons.org