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Israël

L’extrême droite entre dans le gouvernement israélien

Vendredi 27 octobre 2006, par ABU NIMAH Ali

Par une manœuvre effrayante mais prévisible, le Premier Ministre israélien, Ehud Olmert, a fait entrer le parti Yisrael Beitenu dans la coalition gouvernementale. Avigdor Lieberman, chef de ce parti, doit devenir Vice Premier Ministre et, un membre clé du "Cabinet de sécurité" israélien chargé du dossier Iran sera "Ministre des Menaces stratégiques".

Yisrael Beitenu est un parti extrémiste aux tendances fascistes qui a ouvertement appelé au “transfert” des Palestiniens, y compris le transfert des villes arabes à l’intérieur d’Israël vers une future entité palestinienne ressemblant à un bantoustan.

Il a clairement exprimé qu’un Etat à la suprématie juive était plus important qu’un Etat démocratique. Ce parti, dont la base la plus importante se trouve parmi les immigrants russes amenés en Israël dans les années 90, a surgi lors des élections israélienne au début de l’année, remportant onze sièges sur les 120 de la Knesset israélienne.

L’été dernier, Israël a lancé une désastreuse guerre de destruction contre le Liban et continue d’assiéger et d’assassiner les Palestiniens dans les Territoires occupés, près de 300 personnes tuées en trois mois et des centaines de milliers sans nourriture, ni eau, ni électricité. Lieberman a préconisé des mesures encore plus dures et criminelles contre les Palestiniens et les voisins d’Israël.

Il est consternant que l’Union européenne, acteur international clé, semble vouloir maintenir des relations chaleureuses, normales, avec un gouvernement extrémiste, lui donnant ainsi encouragement et légitimité.

« Vous comprendrez que nous ne pouvons pas interférer dans la constitution d’un gouvernement étranger. C’est de la seule responsabilité de l’Etat concerné », a écrit Cristina Gallach, porte-parole officiel de Javier Solana, Haut Représentant de l’Union Européenne pour les affaires étrangères, dans un email répondant une question sur l’éventualité de sanctions qu’imposerait l’Union européenne à Israël si Yisrael Beitenu rejoignait le gouvernement.

Gallach ajoutait que « Nous pensons qu’Israël et les Palestiniens savent qu’il est de leur responsabilité de créer les conditions favorables de la réactivation du processus de paix, dont le but final est d’arriver à deux Etats vivant côte à côte en paix et en sécurité.”

A part de telles platitudes insipides et cyniques, la porte-parole de Solana n’a fait aucune allusion à une quelconque inquiétude de l’Union européenne sur les développements politiques effrayants en Israël, dont il est certain qu’ils apporteront une escalade de la violence et des souffrances inutiles.

Dans une interview pour un journal israélien en septembre, Lieberman, chef du Yisrael Beitenu, a déclaré : "La vision que je voudrais voir se réaliser ici est l’enracinement de l’Etat juif et sioniste. Je suis tout à fait favorable à la démocratie mais lorsqu’il y a contradiction entre les valeurs démocratiques et les valeurs juives, les valeurs juives et sionistes sont prépondérantes." (Scotsman, 23 octobre 2006).

Lieberman n’est pas seulement favorable au nettoyage ethnique ; il a aussi un long passé d’incitation à la discrimination, à la haine et à la violence contre les Palestiniens à l’intérieur de l’Etat juif et vivant sous occupation militaire à Jérusalem Est, la Cisjordanie et la Bande de Gaza.

Lorsqu’il était Ministre des Transports dans un gouvernement précédent, Lieberman avait demandé que tous les prisonniers palestiniens détenus par les autorités israéliennes d’occupation soient noyés dans la Mer Morte et proposé de fournir les autobus ("Lieberman critiqué pour avoir suggérer de noyer les prisonniers palestiniens", Ha’aretz, 11 juillet 2002).

Il avait proposé de retirer la citoyenneté et d’expulser tout citoyen palestinien d’Israël qui refuserait de signer un serment de loyauté à l’Etat juif sioniste ("Un Etat juif démocratique", Ha’aretz, 28 juin 2002).

En 2002, Lieberman avait déclaré : « Je n’hésiterais pas à envoyer l’armée israélienne dans toute la zone A (la partie de Cisjordanie sous contrôle de l’Autorité palestinienne) pendant 48 heures.

Détruire les bases de toute infrastructure militaire de l’Autorité, tous les bâtiments de la police, l’arsenal, tous les postes des forces de sécurité… pas une seule pierre debout. Tout détruire. » Il avait aussi suggéré au cabinet israélien que les forces aériennes bombardent systématiquement tous les centres commerciaux, les postes d’essence et les banques dans les Territoires occupés (The Independant, 7 mars 2002).

Et également de bombarder le Barrage d’Assouan, en Egypte, malgré le traité de paix signé par ce pays avec Israël depuis 1979. Que va-t-il proposer de faire à l’Iran ?

« Peut-être l’homme politique le plus dangereux dans l’histoire de l’Etat d’Israël », selon les termes de Ze’ev Sternhell, professeur à l’Université Hébraïque, universitaire israélien réputé, spécialiste du fascisme et du totalitarisme, cité par le journal Scotsman.

Une action urgente doit être entreprise pour enrayer la menace grandissante que représente Israël pour la paix et la sécurité internationales. Au lieu de cela, le bureau du haut représentant de l’Union européenne ne pose aucune exigence, offrant seulement conciliation et compromis à l’extrémisme et à l’apartheid israélien.

Le postulat que l’Union européenne n’interfère pas dans les affaires internes des gouvernements étrangers n’est que le cache-misère de la lâcheté politique et du refus de résister à Israël et à ses partisans ; c’est en complète incohérence avec les pratiques passées ou présentes, en d’autres occasions.

Depuis que les Palestiniens sous occupation ont élu le Hamas à la tête de l’Autorité palestinienne en janvier dernier, au cours des élections les plus libres jamais tenues dans le monde arabe, il est tout à fait patent que l’Union européenne a interféré dans leurs affaires de la manière la plus irresponsable qui soit, imposant un siège total et la suppression des aides qui ont directement pénalisé la population palestinienne, causant l’expansion de la famine et des privations.

L’objectif explicite de ce siège est de forcer l’Autorité dirigée par le Hamas à abandonner la plateforme sur laquelle il a été élu, ou de le forcer à se retirer complètement. (L’union européenne clame qu’elle veut que le Hamas reconnaisse Israël et en finisse avec la violence, même après que le Hamas ait observé une trêve unilatérale de 22 mois, cessant toute attaque sur Israël, et que ses chefs aient déclaré à maintes reprises qu’ils étaient favorables à la signature d’un accord à long terme avec Israël sur la base de l’égalité et de la reconnaissance mutuelle – pas dans un seul sens).

L’Union européenne, sous la responsabilité personnelle de Solana, a orchestré cette grossière interférence dans le développement de la démocratie palestinienne et le châtiment de ceux qui essayaient de l’exercer.

En 2000, les pays de l’Union européenne avaient adopté une mesure sans précédent en imposant des sanctions diplomatiques contre l’un de leurs propres Etats membres, l’Autriche, après que la Parti de la Liberté, d’extrême droite, ait rejoint le gouvernement à la suite des élections.

Bien que de nombreuses voix aient critiqué l’Union européenne pour ingérence dans les affaires internes d’un pays démocratique, l’un des plus fervents supporters pour les sanctions n’était autre que Javier Solana, qui avait déclaré alors : « Je pense que l’Europe a donné le très bon exemple que, dans certains cas importants – qui ont à voir avec les principes, les valeurs – il n’y a pas de place à un compromis » (« Des sanctions frappent l’Autriche », Reuteurs, 4 février 2000).

Mais quand il s’agit pour les Etats membres de l’Europe de prendre leurs responsabilités et de tenir Israël pour responsable de ses violations constantes de l’Accord d’Association UE-Israël, de la Quatrième Convention de Genève, de nombreuses résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies, et des règles humaines fondamentales, on ne trouve plus aucun des principes dont Solana et autres puissants étaient si fiers de se vanter.

Dans ce vide moral et politique, il est encore plus urgent de prendre en compte l’appel de de la société civile palestinienne demandant de rejoindre la campagne qui s’amplifie de boycott, désinvestissement et sanctions globales.


Voir en ligne : www.electronicintifada.net