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PALESTINE - ISRAEL

L’Autorité palestinienne face à la colonisation

Lundi 17 mars 2008, par Amira Hass

De hauts responsables de l’Autorité Palestinienne peuvent, sans conteste, déclarer que les constructions de colonies continuent malgré toutes les protestations et toutes les condamnations –pas uniquement les leurs. L’Europe proteste, la Paix Maintenant proteste, les Nations Unies protestent et même Condolezza Rice proteste parfois, sans parler de l’élite israélienne.

Les colonies continuent de progresser, ainsi que le nombre de routes interdites aux Palestiniens.

Les responsables de l’Autorité Palestinienne vous dirons que les tactiques contradictoires de négociations et protestations – les roquettes Qassam, les opérations de guérilla et les attaques suicides – n’ont pas aidé les évènements. En fait, ils ont simplement donné des excuses à Israël pour confisquer de la terre.

Nous devons rappeler que l’évacuation des colonies de la bande de Gaza a été une manœuvre intelligente pour accélérer la séparation politique entre la Cisjordanie et Gaza ; cela a été présenté déguisé en « début de retrait ».

Les condamnations formulées par l’Autorité Palestinienne servent en interne uniquement. Elles permettent de dire aux Palestiniens que leurs représentants sont dans le même bateau que le peuple affaibli qui souffre de l’occupation, de la même manière que la lutte armée sert à montrer aux Palestiniens quelle est la véritable organisation qui sait se venger. Les condamnations de l’Autorité Palestinienne montrent à quel point elle est ridicule et inefficace. Cela montre également à Israël et aux Palestiniens que, quel que soit le nombre de colonies qui seront construites, il y aura toujours un partenaire palestinien pour prendre place dans le spectacle du « processus de paix ».

Les négociations et la lutte armée ne sont pas les seules manières de combattre l’occupation. Il faut demander à l’Autorité Palestinienne pourquoi elle n’a pas adopté la résistance non-violente de Mahatma Ghandi –pas en ce qui concerne les millions de Palestiniens qui luttent sans arme contre des méthodes d’oppression sophistiquées et modernes.

Les protestations auraient un autre impact si les protestataires organisaient une révolte publique calculée contre les tactiques israéliennes d’annexion.

Les occasions ne manquent pas.

Il y a des centaines de barrières en béton qui bloquent les entrées des villages. L’Autorité Palestinienne pourrait envoyer un bulldozer pour en retirer une chaque jour. Les hauts responsables pourraient venir : Mahmoud Abbas ou quelqu’un de son bureau, des chefs de l’organisation de la sécurité, des membres du comité central de l’OLP, des responsables du Fatah, des ministres et des directeurs généraux.

Il existe des routes interdites aux voitures palestiniennes. Les officiels de l’Autorité Palestinienne et des résidents de Cisjordanie pourraient former un long convoi de voitures et conduire sur ces routes. Beaucoup d’Israéliens se feraient une joie de les accompagner.

La construction et le développement sont interdits dans la zone C. Le bureau de planification palestinien pourraient exiger que les ministères palestiniens désignés établissent des lignes électriques, préparent les infrastructures pour relier les villages en adduction d’eau, creusent des citernes pour y collecter l’eau, construisent des écoles, des cliniques et des maisons. Et même peut-être creuser des puits. Tout ce que les autorités d’occupation interdisent de faire sur 60% de la Cisjordanie. Ici aussi, il y aura un nombre conséquent d’Israéliens opposés à l’occupation qui seraient prêts à les rejoindre.

L’Administration civile viendra et détruira tout. Et on reconstruira. Les hauts responsables qui seront présents pendant ces travaux seront arrêtés. Ou même plus. Est-ce seulement aux habitants de Bil’in d’être arrêtés pour leur lutte sans arme contre l’occupation ?

Il existe des centaines de mesures de cette sorte, qui pourraient remplacer le plan gouvernemental officiel palestinien et qui sortirait le leadership de leur « soit disant Etat » et qui le ramènerait à la lutte pour la libération. Il est vrai que ces mesures n’arrêteront pas la colonisation mais elles permettraient d’en finir avec le status quo qui arrange si bien Israël : l’expansion des colonies, des négociations sans fin, des protestations et des tirs. Il existe une possibilité pour changer les relations distendues entre les gens et leurs représentants pour créer une nouvelle diplomatie palestinienne.

Mais il est aussi vrai qu’une telle vision a peu de chance d’aboutir. L’actuelle Autorité Palestinienne et la tête de l’OLP se sont habituées à vivre comme une nomenclatura. Ils mélangent les intérêts de leurs propres citoyens avec leur statut cérémonial confortable ; un statut qui leur est donné en remerciement pour bien vouloir participer au spectacle de respectabilité écrit par les Américains et les Européens et dont bénéficie Israël.

Amira Hass / Haaretz 13/3/2008


Voir en ligne : www.france-palestine.org