Chaque jour qui passe réduit la dette financière d’Israël à l’égard des survivants de l’Holocauste. La décision du gouvernement de reporter à 2009 le débat sur les recommandations de la commission signifie que leur application va être repoussée d’un an et qu’à nouveau, des milliers de survivants supplémentaires vont être privés de droits mérités, alors que déjà, aujourd’hui, il ne reste pas tant de survivants. Il ne s’agit pas seulement d’un vol manifeste, mais aussi d’une profanation choquante de la mémoire de l’Holocauste et de ses survivants. L’Etat d’Israël n’existe que grâce à l’Holocauste de la juiverie européenne, et cela de deux façons : d’abord, sans l’anéantissement de la juiverie européenne et l’existence de centaines de milliers de survivants réfugiés dont aucun Etat ne voulait, il n’est pas du tout sûr que la communauté internationale aurait apporté son soutien à la fondation d’Israël à une époque où le monde entamait un processus de décolonisation. Ensuite, une majorité des règlements ont été versés par l’Allemagne à Israël et non aux survivants et aux familles des victimes. Sous la pression du Comité juif international et d’Histradut, organisation sioniste, l’Allemagne a décidé d’indemniser les juifs collectivement, en passant par l’Etat d’Israël qui se présentait lui-même, sans absolument aucune justification, comme l’organisme représentatif du monde juif à travers les âges ! L’infrastructure des débuts d’Israël a été montée avec les centaines de millions de dollars versés par l’Allemagne de l’Ouest en compensation de l’Holocauste de la juiverie européenne.
Il faut noter que transformer Israël en représentant des communautés anéanties en Europe était de fort mauvais goût, c’est le moins que l’on puisse dire. Comme l’on sait, la direction sioniste ne s’est pas surmenée ne serait-ce que pour essayer de sauver la juiverie européenne, ni avant ni pendant la guerre même s’il faut, il est vrai, noter que ses capacités étaient limitées. Même pour ce qui concerne le degré d’empathie à l’égard des victimes et les survivants, Israël ne reçoit pas une bonne note - et là encore, c’est le moins que l’on puisse dire. Le Septième Million de Tom Segev nous livre des témoignages interminables qui informent sur le manque de sensibilité de la direction sioniste envers les victimes de l’Holocauste.
Voilà pour l’histoire. Pour autant, le comportement de l’époque parait bien fade comparé à celui des dirigeants actuels. Leur atermoiement à répondre aux recommandations de la Commission Dorner fait de ces dirigeants de sérieux voleurs, c’est aussi simple que cela. Ils volent ceux qui n’ont rien, à la vue de tous et sans absolument aucun scrupule. A défaut d’empathie et de sens de l’honneur, qu’au moins alors la dette d’Israël aux survivants de l’Holocauste l’oblige, et oblige ses dirigeants, à leur garantir une vieillesse respectable et aisée. Pourtant, tel n’est pas le cas ! En Israël, des milliers de survivants subsistent au seuil de la faim et endurent des conditions de vies difficiles à décrire.
Il est aisé d’imaginer ce qui se produirait si un Etat dans le monde traitait les survivants de l’Holocauste juif avec ne serait-ce que le dixième du cynisme dont fait preuve Israël à leur égard : Israël et ses porte-parole de la presse occidentale lanceraient une immense campagne internationale contre l’Etat antisémite qui profane les victimes de l’Holocauste. Seulement voilà, ce qui est interdit aux Pays-Bas, à la France et bien sûr à l’Allemagne, est permis à l’Etat des juifs. Et si c’est ainsi que les dirigeants de l’Etat agissent à l’égard de leurs parents qui ont survécu, de la chair de leur chair, de ce qui reste de la juiverie européenne, alors comment s’attendre à ce qu’ils fassent preuve d’empathie et de justice à l’égard de la population palestinienne locale ?
La violation des droits palestiniens est naturellement consécutive à l’entreprise sioniste. La façon dont celle-ci traite quelques milliers de survivants juifs très âgés jette une autre lumière sur sa cruauté envers les Palestiniens : les dirigeants sionistes sont mauvais, glacés et insensibles.
Juste une note personnelle : il y a deux décennies, la juge Dorner faisait partie du tribunal d’assises qui m’a condamné à la prison, et elle avait même suggéré d’augmenter la peine que les autres juges m’infligeait. A la lumière du saint travail qu’elle a fourni pour les droits des survivants de l’Holocauste, et de sa position résolue contre le gouvernement pour son vol qui est grave, je lui pardonne du fond du cœur.
– Alternative Information Center - traduction : JPP