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FRANCE

Face à une droite dure, construire l’unité mais sur des exigences claires

Vendredi 11 mai 2007, par Christian DELARUE

Le sentiment de haine contre « les cons qui ont voté Sarko » doit être transformé. Il ne mène qu’à l’impuissance politique ou à la casse des vitrines ou sur des actions plus classiques mais ultra-minoritaires qui vont donner à renforcer le système répressif et disciplinaire (1) mis en place par N. SARKOZY. Deux principes pédagogiques y aident : 1) Ni rire ni pleurer mais comprendre. 2) Entreprendre pour espérer, persévérer pour réussir.

I – Comprendre

1 - Une situation contrastée ou les dominés sont sur la défensive.

Avec la victoire de Nicolas SARKOZY, c’est l’offensive du capital qui se poursuit dans sa version dure ultralibérale. SARKOZY c’est, pour être bref, du Thatcher et du Bush accommodé « à la française ». Pour aller plus loin il faudrait voir que sous bien des aspects N. SARKOZY prend figure de solution de type bonapartiste pour le grand capital. N. SARKOSY qui affiche sa proximité avec les riches a aussi tenu un discours de séduction des masses populaires, du moins d’une fraction du peuple notamment certaines professions indépendantes aisées qui se reconnaissent dans « la France qui se lève tôt » ainsi que les personnes âgées « insécurisées » (pas par la peur des licenciements car retraités). Ce peuple-là lui sert de couche social d’appui afin de mener une politique fondamentalement contraire aux intérêts des 22 millions de salariés (lire D&S).

Pour autant cette victoire n’est pas massive surtout si l’on tient compte des abstentions (2). En fait nous sommes toujours dans une situation « contrastée » et même très conflictuelle puisque marquée par de nombreux conflits sociaux d’ampleur depuis 2003 (contre la réforme des retraites en 2003, contre le plan Douste-Blazy en 2004, le projet de traité constitutionnel européen en 2005, le CPE en 2006). Il est clair que le salariat est actif mais constamment sur la défensive. Il n’arrive pas à passer à l’offensive.

2 - Ne pas faire l’économie de la responsabilité de ce désarmement du salariat.

Dans cette incapacité à l’offensive on peut porter la critique contre les syndicats de salariés. Puisque les mobilisations ont été effectives ces dernières années il ne s’agit pas tant de pointer l’insuffisance du nombre d’adhérents aux syndicats - insuffisance certes réelle et qu’il faut prendre en charge - que l’orientation défaitiste de certains syndicats beaucoup trop prompts à aller négocier un accompagnement social du libéralisme. Je pense ici à la CFDT mais pas uniquement.

Dans cette incapacité à l’offensive il y a surtout une responsabilité importante de la gauche politique. ATTAC dans un communiqué récent (3) a pointé deux problèmes majeurs : les grosses insuffisances du PS et la division des antilibéraux. D’un côté le PS poursuit sa droitisation et s’affiche désormais comme un parti de centre gauche prêt à intégrer des proches de Bayrou. Le fait qu’il y ait en son sein un courant historique marqué à gauche ne suffit pas à freiner cette droitisation. Le PS est durablement inscrit dans la « fin de l’histoire ». Il entraîne même avec lui dans sa déroute des éléments du PCF comme Robert HUE. Du côté des antilibéraux, le désaccord entre les « trois B » (Buffet, Bové, Besancenot) a poussé au vote utile au premier tour. Ce phénomène a empêché de construire un rapport de force à gauche. Entre opportunisme et sectarisme il y a pourtant en France un espace large pour une gauche de gauche.

II – Entreprendre

3 - Construire la gauche, ni opportunisme ni sectarisme.

Construire la gauche, c’est renverser le « baiser qui tue » de Mittterrand.

C’est possible et urgent ! L’idée qui structure mes analyses depuis que j’ai signé en juillet 2003 l’appel dit Ramuleau « pour une alternative à gauche » c’est qu’on ne peut s’allier avec le PS « à froid » sans être en capacité sûre de montrer sa force représentative afin d’exiger des réformes transitoires vers un « autre monde ». Il faut d’abord et avant tout renverser le rapport de force au sein de la gauche « à gauche » ; autrement dit, faire que « la gauche de gauche » soit hégémonique avant d’envisager la moindre alliance avec le PS. Pour ce faire, il ne faut donc plus « tendre la joue » au baiser des socialistes comme Mitterrand l’a fait au PCF il y a 20 ans, car c’est un « baisé qui tue » les forces de transformation sociale radicale. Concrètement cela signifie une claire démarcation avec les opportunistes et notamment le courant de R. HUE qui cherche avant tout à conserver ses sièges dans les municipalités.

Construire la gauche, c’est aussi se passer du courant « révolutionnariste ».

Celui-ci peut dans sa fonction avant-gardiste se maintenir sans problème en extériorité du mouvement unitaire large. La LCR veut toujours, même si ce n’est pas toujours clair, construire une force anticapitaliste de masse quitte à se saborder. Le courant animé par Christian Picquet me semble le plus porteur de cette orientation antilibérale et anticapitaliste. Bref, la LCR n’est pas une organisation gauchiste (4) éternellement vouée à n’être que l’aiguillon du mouvement social. Mais il semble qu’un de ses courants nommé « Avanti » est très influent au plan théorique et stratégique même si ses propositions finales de former l’unité des trotskistes et des révolutionnaires avec LO et le PT n’est plus écoutée.

4 - Construire la gauche, n’oublions pas le positif existant !

Les comités antilibéraux ont su construire un programme alternatif clair, crédible et offensif porteur d’une réelle dimenssion anticapitaliste, altermondialiste (vers un autre monde via un alterdéveloppement) alors que ce n’était pas évident. C’est là un acquis immense qu’il faut maintenir face à la démoralisation ambiante. Car les aspirations à l’unité sont toujours là ; Je les entends en tout cas au sein d’ATTAC comme dans la base des syndicats. Cette aspiration est forte, elle doit pouvoir gagner !

Le mouvement social a été actif et ATTAC se redresse pour l’action : Dans cette entreprise de reconstruction d’un pôle de transformation sociale conséquent, dégagé de l’aménagement de l’existant ATTAC comme association d’éducation populaire mais aussi comme association de masse pour l’émancipation altercitoyenne (5) a un rôle de jonction et de facilitation irremplaçable.

Christian DELARUE
Secrétaire national du MRAP
Membre du Conseil d’Administration d’ATTAC France
s’exprimant à titre personnel

notes :

DELARUE Christian