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Déclaration sur la déliquescence de l’école publique

Jeudi 9 mars 2006, par CDSCN

Aujourd’hui, à l’occasion du premier anniversaire du mouvement social de mars et avril 2005, le peuple nigérien est appelé une fois de plus à sortir massivement réoccuper les rues de toutes les villes du pays, afin de défendre le droit pour nos enfants d’aller à l’école et d’y bénéficier d’une éducation de qualité axée autour de nos réalités, leur droit d’accéder à un emploi public qui puisse leur permettre de vivre dignement et de mettre à leur tour leurs progénitures futures à l’abri de la misère et de l’ignorance.

Joignant sa voix à celle des partenaires conséquents de l’école, qui ont décidé d’engager une bataille décisive pour la défense de l’école publique, la Coordination Démocratique de la Société Civile Nigérienne tient à attirer l’attention des Citoyennes et des Citoyens sur les faits suivants :

  • depuis le début des années 1980, les dépenses publiques en matière d’éducation ne font que chuter vertigineusement dans notre pays, sous l’effet des politiques d’ajustement structurel aveuglement appliquées par des gouvernements totalement dévoués aux institutions financières internationales ;
  • de 1980 à aujourd’hui, les conditions de vie, de travail et d’études des élèves, étudiants et enseignants se sont continuellement dégradées, avec notamment la suppression des internats dans les collèges et lycées, la réduction drastique de l’enveloppe des allocations et bourses d’études, la diminution sans précédent de la subvention pour les œuvres universitaires, la réduction de plus de 30% des salaires des enseignants, le départ à la retraite des enseignants les plus qualifiés, etc. ;
  • de 1990 à aujourd’hui, l’école nigérienne a enregistré plus de trois (3) années blanches du fait du refus des gouvernements successifs de dialoguer avec les partenaires de l’école, ce qui se traduit à l’heure actuelle par une perturbation du cycle même de l’année académique à tous les niveaux de l’enseignement ;
  • en l’espace de 16 ans, trois (3) étudiants et un élève ont été froidement abattus et des centaines ont été blessés ou jetés en prison à l’occasion des innombrables manifestations de rue que les scolaires ont été amenés à organiser pour se faire entendre des dirigeants insensibles à leurs cris de détresse ;
  • En plein 21ème siècle, deux (2) enfants nigériens sur trois (3) ne vont pas à l’école, quatre (4) jeunes et adultes sur cinq (5) ne savent ni lire ni écrire, la plupart des élèves exclus à partir du cycle primaire et secondaire redeviennent analphabètes, des milliers des jeunes diplômés n’ont aucune perspective d’emploi et sont contraints d’aller en exode ou passés des journées entières à se tourner les pouces ;
  • Au mépris du droit à l’éducation inscrit dans la Constitution, les parents d’élèves sont obligés de partager avec l’Etat les charges liées à la scolarisation de leurs enfants, en payant de leurs poches les fournitures, les manuels, les frais d’inscription à l’Université et à certains examens scolaires, de même qu’ils doivent participer à la construction des classes et à leur entretien ;
  • Au vu et au su de tout le monde, certains établissements publics à caractère professionnel tels que l’ENSP, l’ENA, IFTIC, ENI, IPDR de Kollo sont devenus des écoles privées de fait, où les frais de scolarité atteignent pratiquement le double du revenu annuel d’un paysan nigérien ordinaire ;
  • A l’Université de Niamey, où le budget de fonctionnement alloué par l’Etat est seulement de 3,5 milliards, les quelques 12 000 étudiants inscrits n’ont droit qu’à 1000 misérables plats par repas et sont obligés de partager leurs petites chambres souvent à 6 ou 7 personnes ;
  • la qualité des enseignements ne fait que baisser à tous les niveaux, en raison de la surcharge des classes, de l’absence des matériels didactiques et des bibliothèques, mais aussi de la démotivation du corps enseignant, aujourd’hui très largement dominé par des jeunes travailleurs précaires recrutés à titre de contractuels sans aucune formation pédagogique appropriée ;
  • dans l’enseignement primaire, à peine 32% des élèves réussissent à l’examen final de fin de cycle, tandis que dans le secondaire, sur 1000 élèves qui entrent en 6ème, à peine 160 sortent avec le BEPC sans redoublement.

Au regard de tous ces faits, la Coordination Démocratique de la Société Civile Nigérienne (CDSCN) :

  1. Exige que l’essentiel des ressources publiques soient consacrées au secteur de l’éducation, afin que notre pays soit à jamais débarrassé de l’ignorance et de l’analphabétisme, et que par l’éducation s’y instaure une culture citoyenne véritable ;
  2. Dénonce et condamne le pillage des maigres ressources actuellement consacrées à l’éducation par les dignitaires du régime en place et leurs commerçants véreux, qui n’ont de cesse de s’enrichir grâce aux marchés publics de livres, fournitures et infrastructures scolaires ;
  3. Invite l’ensemble des citoyennes et citoyens de tous les bords politiques, en particulier les mères des élèves et étudiants, à participer massivement à la marche et au meeting du mercredi 15 mars 2006, qui débutera à la Place Toummo, afin de défendre leur droit à l’éducation et exiger un financement public conséquent du système éducatif ;
  4. Interpelle les parents d’élèves et d’étudiants sur leurs devoirs de pères et de mères, sur la responsabilité qui leur incombe de se battre pour que leurs enfants puissent bénéficier d’une éducation adéquate et accèdent à des emplois pouvant leur permettre de vivre dignement et de leur venir en aide lorsqu’ils seront eux-mêmes improductifs.

En avant pour une école publique de qualité !


Pour le Bureau de la Coordination Démocratique de la Société civile Nigérienne (CDSCN)

Le Coordonnateur
Kassoum Issa