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Algérie : contre l’auto-amnistie du pouvoir,

Oui à la justice, Non à l’impunité !

Mardi 2 mai 2006

L’actualité algérienne n’en finit décidément pas de manier les (pires) paradoxes politiques, dans un nœud silencieux à l’ancienne puissance coloniale française qui interroge durement les citoyens des deux rives : sur la vitrine des valeurs arborées respectivement par les deux Etats ; sur la complexité de leur histoire commune ancienne et plus récente ; sur le contenu de la solidarité entre deux peuples enfin, à l’heure où la rédaction du Traité d’amitié entre France et Algérie, en jeu depuis 2003, est à nouveau au cœur de polémiques multiples. Principal élément nouveau de la période : en février a été promulguée par le président Bouteflika l’ordonnance destinée à mettre en œuvre la « Charte pour la paix et la réconciliation nationale », qui entache pour le peuple algérien un peu la possibilité de faire son travail de mémoire et de deuil sur la période de la guerre civile… Voici le texte de la pétition « Algérie : contre l’auto-amnistie, Oui à la justice, Non à l’impunité ! », que nous vous invitons à signer en ligne sur l’excellent et très documenté site d’Algéria-Watch.

Le 27 février 2006, le régime d’Alger a promulgué une ordonnance de mise en œuvre des dispositions de la « Charte sur la paix et la réconciliation nationale » (adoptée en septembre 2005 par un référendum aux résultats largement truqués). Sous le prétexte de mettre un terme à la période sanglante inaugurée par le coup d’État de janvier 1992, le régime d’Alger décrète l’impunité des assassins, qu’il s’agisse des membres des groupes armés se réclamant de l’islam ou des « forces de défense et de sécurité de la République, toutes composantes confondues ». Et il interdit, sous peine d’emprisonnement, d’évoquer sous quelque forme que ce soit la responsabilité des parties qui ont organisé les violations du droit et ordonné, couvert ou justifié les atrocités commises depuis près de quinze ans.
Les parents de victimes, les familles de disparus sont sommées de se taire – elle n’auront plus le droit de porter plainte – et d’oublier contre une indemnisation financière, méthode honteuse où l’outrage le dispute à l’aveuglement. Mais comment effacer la mer de sang et d’horreurs qui a submergé la société algérienne ? La seconde guerre d’Algérie – qui a porté à son paroxysme les formes perverses et inhumaines de guérilla et contre-guérilla développées au cours de la guerre d’indépendance par les forces coloniales – a coûté près de 200 000 morts, 20 000 disparus, un nombre très élevé de blessés et de personnes déplacées.

Après avoir imposé une guerre meurtrière et particulièrement « sale » au peuple algérien, les généraux putschistes qui détiennent le pouvoir réel à Alger, dont le président Abdelaziz Bouteflika n’est que le représentant diplomatique, désirent s’absoudre des crimes contre l’humanité perpétrés sous leur autorité effective, et effacer ceux de leurs anciens adversaires. En violation directe des engagements internationaux signés par l’Algérie et des principes fondamentaux du droit, cette politique d’oubli forcé est en soi un aveu éclatant de responsabilité.

Cette démarche inacceptable est clairement confortée et cautionnée par nombre de dirigeants des grandes démocraties occidentales. Motivés essentiellement par des considérations économiques, ils mettent en avant le « péril islamiste » pour justifier ce déni des valeurs universelles des droits humains.

L’autoamnistie des chefs de guerre a déjà été tentée ailleurs, notamment en Amérique latine, et partout elle a connu l’échec. Car nul ne peut disposer du pouvoir d’effacer l’histoire. Il ne peut y avoir de paix et de réconciliation sans vérité ni justice. Le peuple algérien connaît son histoire et aucune manœuvre ne peut effacer des crimes imprescriptibles. Vouloir lui imposer le silence par la menace est strictement illusoire.

Les femmes et les hommes à travers le monde épris de liberté, signataires de ce texte, rejettent cette loi d’un autre âge et appuient sans réserve la société algérienne dans sa marche vers la justice et les libertés.
Pour signer la pétition ou en savoir plus (sur le dossier des disparus, les massives mobilisations syndicales en Algérie et leur répression, la dégradation des conditions sociales, les bagarres géostratégiques sahariennes, le dernier communiqué de la Ligue algérienne des droits de l’homme…) :


Voir en ligne : Algéria-Watch